Peintures et dessins

Les soldats debout sont représentés en pied, presque dans une dimension naturelle. En effet, ils sont juste un peu plus petits que dans la réalité. Par ce procédé, l’artiste a voulu les rendre plus visibles, leur redonner une présence, presque une nouvelle vie. Le processus de création est divisé en trois temps. D’abord il s’agit de rechercher la ressource nécessaire à l’imagination. Il faut puiser dans les archives photographiques des images de soldats venus de tous les pays qui participèrent au conflit mondial. Après cette étape de documentation, il y a la mise en forme qui s’articule entre un travail de dessin et de composition sans aucune couleur uniquement en noir et blanc afin de se consacrer sur l’expression, la pose. Les fonds, l’environnement dans lequel est le soldat, sont aussi l’objet d’une recherche particulière et ne sont pas forcément identique à l’original, ils proviennent quelques fois d’autres sources complètement décorrélées du sujet lui-même.

Les soldats debout furent la première inspiration de l’artiste, en effet il fut frappé par la somme des photos des soldats qui posaient avant de partir au front ou pendant les permissions. Les ressources diverses, françaises, allemandes, etc. conservent cependant les mêmes caractéristiques d’où qu’elles viennent.

L’artiste fut frappé par les regards, les poses et les postures des soldats photographiés. Loin d’y voir un instantané, un selfie comme on dit aujourd’hui, au contraire il y aperçut une angoisse, comme l’expression d’une peur qui vous tétanise. Avec l’expérience renouvelée et les milliers de photographies visualisées, il y décela le lien avec la peinture classique comme si les photographes de cette époque conservaient une culture qui subsistait malgré la modernité des procédés.

Alors, plus attentif à la technique, il se souvint de la consigne du photographe d’autrefois « attention ! ne bougez plus. » Une semonce, comme « un haut les mains », une injonction à la peur et peut-être à la mort prochaine.

Au travers de cette série, il s’agissait de construire une galerie de portraits en pied dans la pure tradition classique. Il fallait qu’ils posent face à nous presque de façon hiératique avec fierté et honneur. Il fallait qu’ils tournent vers nous leur regard venu du passé. Ces regards vides et angoissants sans question qui semblent pour l’éternité scruter un horizon incertain représentent une généalogie de soldats dans toute leur humanité.

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