Le Journal d'Eugénie de Guérin.
Biographie :
Elle est la soeur du poète Maurice de Guérin, elle s'attacha à recueillir l'oeuvre de son frère, auquel elle porta toute sa vie un amour exceptionnel bien qu'ils aient vécu séparés la plus grande partie de leur existence. Il était de cinq ans son cadet.
Elle perdit sa mère à quatorze ans et passa presque toute sa vie au château du Cayla, dans le Tarn, en contact avec la nature.
Discrète, profondément croyante, voire mystique- elle faillit entrer en religion - elle obtint par la méditation les ressources intérieures nécessaires pour échapper à l'ennui que lui imposait la vie dans une province reculée.
Elle ne quitta sa province que pour assister à Paris au mariage de son frère. Elle y rencontra Barbey d'Aurevilly dont Maurice de Guérin était l'ami: il l'incita à manifester son propre talent.
Elle est surtout connue pour son JOURNAL, qui couvre les années 1834-1842, et ses LETTRES publiées en 1855 par Barbey d'Aurevilly. Ses LETTRES à LOUISE de BAYNE que Maurice courtisa, et surtout ses LETTRES à SON FRERE MAURICE confirment un talent qui conjugue les détours imprévus de l'amour divin et de l'amour fraternel. Elle excelle aussi à évoquer les êtres et les choses dans leur intimité.
Eugénie de Guérin
Née à : Andillac (Tarn) , le 19/01/1805
morte à : Andillac (Tarn) , le 31/05/1848

Présentation des textes du journal qui ont été utilisés pour les illustrations
Voir plus (textes et illustrations)
Le dimanche 6 août 2017 à 15 h 31 à Agde
Le Mardi 18 novembre 1834, page 23
« Qui de mouts aqui dédins ! Cet enfant est tout à fait drôle.
Un soir il me demanda si l’âme était immortelle ; puis après, ce que c’était qu’un philosophe. »
Le dimanche 6 août 2017 à 20 h 30 à Agde
Le Samedi 29 novembre 1834, page 29
« Ce matin, avant le jour, j’avais les doigts dans les cendres, cherchant du feu pour allumer la chandelle. Je n’en trouvais pas et allais retrouver mon
lit lorsqu’un petit charbon que j’ai rencontré du bout du doigt m’a fait voir du feu : »
Le lundi 7 août 2017 à 12 h 21 à Agde
Le dimanche 30 novembre 1834, page 29
« Ils ont peur de las doumaïsélos comme de tout ce qui est inconnu.
Un de ces petits disait à sa grand’mère qui parlait de venir ici : “ne va pas à ce castel, il y a une
prison noire”. D’où vient que les châteaux ont de tout temps porté frayeur ? Cela viendrait-il des horreurs qui s’y sont jadis commises ? Je le crois. »
Le lundi 7 août 2017 à 21 h 29 à Agde
Le Samedi 6 décembre 1834, page 33
« Le bonheur de la matinée me pénètre,
s’écoule en mon âme et me transforme en quelque
chose que je ne puis dire. »
Le mardi 8 août 2017 à 11 h 37 à Agde
Le mercredi 10 décembre 1834, page 35
« Il est vrai que Carrat pense à l’autre monde, et
lit l’imitation. Cela n’étonne pas dans une âme sous l’échafaud, et qui dans ses pensées de meurtre laissait entrer l’idée du ciel. »
Le mardi 8 août 2017 à 18 h 50 à Agde
Le lundi 5 janvier 1835, page 39
« Saint Stylite, le saint d’aujourd’hui, est admirable sur sa colonne. Je le trouve heureux de s’être fait ainsi une haute demeure, et de ne toucher pas la terre, même des pieds. »
Le mercredi 9 août 2017 à 11 h 50 à Agde
Le dimanche 8 mars 1835, page 33
« J’ai fait cette nuit un grand songe.
L’Océan passait sous nos fenêtres. Je le voyais, j’entendais ses vagues roulant comme des tonnerres, car c’était pendant une tempête que j’avais la vue de la mer, et j’avais peur. »
Le mercredi 9 août 2017 à 18 h 52 à Agde
Le Jeudi 2 avril 1835, page 52
« Sa douce mort ne m’éveilla pas,
jamais âme ne sortit plus tranquillement de ce monde.
Ce fut mon père. Mon Dieu ! j’entends le Prêtre, je vois des cierges allumés, une figure pâle,
en pleurs je fus emmenée dans une autre chambre. »
Le mercredi 9 août 2017 à 18 h 52 à Agde
Le mercredi 8 avril 1835, page 53
« Ces jolis chants et ce lavage de fontaine me donnaient à penser diversement les oiseaux me faisaient plaisir, et, en voyant s’en aller toute bourbeuse cette eau si pure auparavant, je regrettais qu’on l’eût troublée, et me figurais notre âme quand quelque chose la remue la plus belle même se décharme quand on en touche le fond, car au fond de toute âme humaine il y a un peu de limon. »
Le jeudi 10 août 2017 à 20:38 h à Agde
Le mardi 14 avril 1835, page 55
« J'avais pensé que sous un rosier le bon Dieu se plairait aussi hier que sur un autel.
A ces paroles, un ange descend ! du ciel pour lui annoncer son pardon et consoler
I : sainte criminelle, qui fut brûlée sur un bûcher don le rosier fut le premier fagot. »
Le vendredi 11 août 2017 à 16 h 58 à Agde
Le mardi 21 avril 1835, page 57
« Je jouis de toi aux dépens de ta
liberté, je te plains et je te garde. Voilà comme le
plaisir l’emporte sur la justice. Mais que ferais-tu si je te donnais les champs ? »
Le vendredi 11 août 2017 à 21 h 51 à Agde
Le dimanche 26 avril 1835, page 60
« Quand je vois passer devant la croix un homme
qui se signe ou ôte son chapeau, je me dis, voilà
un chrétien qui passe »
Le samedi 12 août 2017 à 14 h 18 à Agde
Le samedi 1er août 1835, page 73
« Mais que faire des loups et autres méchantes
espèces ? Les damner ? Cela m’embarrasse. »
Le samedi 12 août 2017 à 20 h 15 à Agde
Le lundi 24 août 1835, page 75
« Voilà le choléra. Sans doute il viendra ici. Je l’attends et dispose mon âme de mon mieux, afin de ne pas mourir à l’improviste, seule chose à craindre, car le malheur n’est pas de quitter la vie. »
Le dimanche 13 août 2017 à 13 h 14 à Agde
Le lundi 31 août 1835, page 78
« Et de tout cela il ne reste plus que mon tombeau où l’on dira que je
suis, et je n’y serai pas. Oh ! quelle idée de notre
néant dans cette absence même de la tombe, dans
la dispersion si prompte de notre, poussière dans les souterrains de la mort ! »
Le dimanche 13 août 2017 à 19 h 55 à Agde
Le mardi 1er septembre 1835, page 79
« Le diable m’a tentée tout à l’heure dans un petit
cabinet où j’ai fait une trouvaille de romans. Lis-en
un mot, me disais-je, voyons celui-ci, voyons celui-là, mais les titres m’ont fort déplu. »
Le lundi 14 août 2017 à 13 h 22 à Agde
Le mardi 1er décembre 1835, page 81
« Crois-tu que si je courais vers toi, une fleur sur mon chemin ou
une épine au pied m’arrêtassent ? »
Le lundi 14 août 2017 à 20 h 41 à Agde
Le dimanche 13 mars 1836, page 88
« Je ne vis pas où poser mon châle
sans le salir, et ; comme il m’embarrassait sur les
épaules, je le jetai sur les branches d’un saule qui
se trouve devant la porte. Encore y avait-il dessous. »
Le mardi 15 août 2017 à 10 h 29 à Agde
Le lundi 14 mars 1836, page 88
« Il a mis sa petite main sur les cordes
et il a été transporté de les entendre chanter.
Quès aco qui canto aqui ? »
Le jeudi 10 août 2017 à 20 h 38 à Agde
Le mardi 14 avril 1835, page 55
« J’avais pensé que sous un rosier le bon Dieu se plairait aussi hier que sur un autel.
À ces paroles, un ange descend ! du ciel pour lui annoncer son pardon et consoler
I : sainte criminelle, qui fut brûlée sur un bûcher don le rosier fut le premier fagot. »
Le mercredi 16 août 2017 à 16 h 21 à Agde
Le dimanche 7 mai 1837, page 98
« Voilà le but des écoles et ce qu’on y devrait enseigner la religion ; faire de bons chrétiens. À Andillac et ailleurs, on apprend à signer et à dire qué souy sapien »
Le mercredi 16 août 2017 à 19 h 26 à Agde
Le lundi 8 mai 1837, page 99
« À Toulouse, il est mort jusqu’à soixante personnes par jour. Ici, rien n’arrive ni à nous ni à nos domestiques ».
Le jeudi 17 août 2017 à 10 h 51 à Agde
Mardi 9 mai 1837, page 100
« Une journée passée à étendre une lessive
laisse peu à dire. C’est cependant assez joli que
d’étendre du linge blanc sur l’herbe où de le voir
flotter sur des cordes. »
Le jeudi 17 août 2017 à 17 h 45 à Agde
Le samedi 20 mai 1837, page 105
« Te voilà malade, pauvre Maurice, voilà pourquoi tu ne nous écrivais pas.
Mon Dieu que je voudrais être là tout près, te voir, te toucher, te soigner tu es bien soigné, sans doute, mais tu as besoin d’une sœur. »
Le vendredi 18 août 2017 à 13 h à Agde
Le mardi 30 janvier 1838, page 113
« J’aime ces trois sangsues qui sont sur la cheminée. Je ne voudrais ni les donner ni les voir mourir, je les change d’eau tous les jours, avec grande attention qu’il n’en tombe aucune. »
Le vendredi 18 août 2017 à 19 h 35 à Agde
Le jeudi 1er février 1838, page 114
« Mais le vilain serpent remue encore, quoique je lui aie coupé tête et queue, c’est-à-dire tranché la paresse et les molles pensées. »
Le lundi 21 août 2017 à 12 h 30 à Aragon
Le mardi 13 février 1838, page 119
« Je viens d’Andillac avec une grosse belle pomme que m’a donnée Toinon d’Aurel, pour me remercier d’être allée voir son fils qui est malade.
Rien n’est plus reconnaissant qu’une mère et qu’une mère pauvre. »
Le lundi 21 août 2017 à 18 h 11 à Aragon
Le jeudi 15 février 1838, page 120
« Encore une lettre pour un bal. Pauvres danseurs, où vont-ils s’adresser ?
Autant vaudrait frapper à un couvent qu’à la porte du Cayla. Mais je me trompe, ils ont Éran, Ëran qui danse, qui jase, qui joue, fait, des gentillesses, des aimableries, et se fait dire qu’il est charmant. »
Le mardi 22 août 2017 à 17 h 57 à Aragon
Le lundi 19 février 1838, page 122
« je suis la simple fille des champs, et cela me fait plaisir, me distrait, me détend l’âme.
Il y a en moi un côté qui touche aux classes les plus simples et s’y plat infiniment ».
Le mardi 22 août 2017 à 21 h 27 à Aragon
Le lundi 19 février 1838, page 124
« Je demandais donc si tu te souvenais de cet
homme que nous rencontrâmes sur le chemin de
Gaillac, qui, entrant dans sa maison comme un tonnerre, me fit une espèce d’effroi, et comme nous dîmes bien des choses sur le bonheur et le malheur conjugal ».
Le mercredi 23 août 2017 à 21 h 26 à Berlin
Le samedi 17 mars 1838, page 130
« Les fossoyeurs avaient l’air de voir cela comme un arbre qui tombe, le petit Cotive et d’autres enfants regardaient là dedans comme dans un fossé où il y aurait des fleurs, l’air curieux et étonné. Mon Dieu, mon Dieu, quelle indifférence entoure la tombe ! »
Le jeudi 24 août 2017 à 22 h 46 à Berlin
Le lundi 19 mars 1838, page 131
« Une fusée, un peu de lecture, un peu d’écriture,
quelques coups d’œil à la pluie, c’est ma journée. Je ne parle pas de ce qui s’est fait dans l’âme. La nuit en songe j’ai vu ton lit tout en flammes ».
Le vendredi 25 août 2017 à 20 h 54 h à Berlin
Le vendredi 30 mars 1838, page 135
« Cela te vaudrait mieux que l’air de Paris. Il te tuera cet air empesté des villes : Que ne peux-tu vivre avec nous, mon ami ! Quel regret de te voir comme banni de la famille ! 0 fortune, fortune que ne fait-elle pas Hounrir, quand elle est mauvaise ? Nous en avons bien souffert en toi ».
Le dimanche 27 août 2017 à 17 h 28 à Berlin
Le samedi 7 avril 1838, page 139
« Le pied sur une tombe, on tient moins à la terre.
Il n’est pas de danseuse qui ne quittât sa robe de bal et sa guirlande de fleurs, pas de jeune fille qui n’oubliât sa beauté, personne qui ne revînt meilleure de cette terre des morts ».
Le lundi 28 août 2017 à 7 h 51 à Berlin
Le jeudi 17 mai 1838, page 151
« Il y avait pourtant une foule de monde d’Andillac et des environs, ce qui m’amusait de voir des curieux plus Marchand de fil, aiguilles, etc. ; qui parcourt tes campagnes. Attrapés que moi encore et de leur dire : Qu’abés bist ? ».