L'académie Royale / épisode 03

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L’atelier de Jean-Dominique Ingres


Charles Le Brun,
Le Chancelier Séguier,
Musée du Louvre
Date        1660
Type        Huile sur toile
Dimensions (H × L)        295 × 357 cm
Collection        Département des peintures du musée du Louvre
N° d’inventaire        RF 1942-3
Localisation        Musée du Louvre, Paris



Quel était le contexte au XVIIIe siècle ? D’abord le système des beaux-arts : depuis le moyen âge existait la guilde de Saint-Luc ; regroupement d’artistes, fédérés autour de principes très stricts ; la corporation réglemente le travail des peintres, graveurs, sculpteurs et imprimeurs jusqu’à la renaissance. La France n’échappe pas à ce principe, bien que les artistes critiquent le goût pour l’artisanat et le culte du secret maintenu souvent par des familles de peintres qui avait le monopole de l’apprentissage et de la transmission.

Alors que Louis XIV avait à peine 10 ans, Charles Le Brun, artiste de cour s’il en est, soutenu par d’autres artistes de son époque plaide en faveur d’une nouvelle institution sur le modèle de l’Académie telle qu’elle existait déjà en Italie. En 1648, il obtient du Cardinal Mazarin la création de l’Académie royale de peinture et de sculpture. C’est à Paris que cette nouvelle structure voit le jour ; elle sera d’ores et déjà dotée d’une doctrine sévère et d’un personnel administratif. L’organisation de ce système perdurera jusqu’à la Révolution française et renaîtra ultérieurement sous d’autres formes. 

La création de l’Académie royale de peinture et de sculpture date du 20 janvier 1648.

L’amateur d’art Martin de Charmois (1605-1661), conseiller d’État, originaire de Carcassonne, ville dans laquelle il possède un cabinet de curiosité remarquable et qui sera à l’origine de la requête au conseil du roi de Louis XIV qui à l’époque était encore un enfant.

Continuant son travail de lobbyiste comme on pourrait le qualifier aujourd’hui et fort de son succès dans la création de l’Académie royale de peinture et de sculpture ; Charles le Brun aidé et soutenu par Colbert convainc Louis XIV de fonder et d’établir dans la même optique l’Académie de France à Rome. L’idée qui prévalait en ces temps est somme toute très simple et même logique ; car l’on considérait l’Italie comme le berceau de la civilisation et bien évidemment le creusé des plus belles œuvres d’art.

Il était donc nécessaire, pour rendre une certaine grandeur aux arts, que ceux-ci puissent se confronter aux grands chefs-d’œuvre de la civilisation européenne. Chef-d’œuvre tout concentré au cœur de l’Italie millénaire. Habilement, cette grandeur artistique devait rejaillir sur la grandeur de la France et de ces Monarques en tout premier plan. 

Il s’agissait donc d’envoyer les meilleurs artistes ainsi que ceux protégés par les grands seigneurs pour acquérir ce complément de formation indispensable à la compréhension des phénomènes artistiques les plus éblouissants et témoignant d’une culture du beau qui devait perdurer encore quelques décennies.

Quel était l’enjeu de ce voyage ? Les jeunes pensionnaires devaient consacrer leur temps à la réalisation de copies de l’Antique ou de la Renaissance.

C’est donc en 1666 que fut créée l’académie de France à Rome, l’organisation des prix et des réceptions d’artistes dans la toute nouvelle Académie Royale servit de base à la sélection des nouveaux artistes pensionnaires et titulaire du fameux prix de Rome.

Peu à peu, l’Académie s’est appuyée sur ce que l’on a appelé à l’époque la hiérarchie des genres. Le fondement de cette liste initiale des genres fut introduit par André Félibien qui posa le principe de cette nomenclature des genres en 1667 dans une préface des « Conférences de l’Académie ». Je reviendrai plus tard sur les minutes des conférences de l’académie, car ils sont encore aujourd’hui, un vivant témoignage des principes qui valaient force de loi entre la fin du XVIIe et le milieu du XIXe siècle.

André Félibien expliquait :

« Celui qui fait parfaitement des paysages est au-dessus d’un autre qui ne fait que des fruits, des fleurs ou des coquilles. Celui qui peint des animaux vivants est plus estimable que ceux qui ne représentent que des choses mortes et sans mouvement ; et comme la figure de l’homme est le plus parfait ouvrage de Dieu sur la Terre, il est certain que celui qui se rend l’imitateur de Dieu en peignant des figures humaines est beaucoup plus excellent que tous les autres… un peintre qui ne fait que des portraits, n’a pas encore cette haute perfection de l’Art, et ne peut prétendre à l’honneur que reçoivent les plus savants. Il faut pour cela passer d’une seule figure à la représentation de plusieurs ensembles ; il faut traiter l’histoire et la fable ; il faut représenter de grandes actions comme les historiens, ou des sujets agréables comme les poètes ; et montant encore plus haut, il faut par des compositions allégoriques, savoir couvrir sous le voile de la fable les vertus des grands hommes, et les mystères les plus relevés. »