Un peu avant 1750 / épisode 02

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L’atelier de Jean-Dominique Ingres


François Boucher, 
né le 29 septembre 1703 à Paris où il est mort le 30 mai 1770,
Peintre français, représentatif du style rococo.
Diane sortant du bain, 1742
Musée du Louvre, Paris


Nous laissons le moyen âge et les Flandres pour rejoindre la France du XVIIIe et XIXe siècle. Nous allons à la rencontre de Jean-Dominique Ingres artiste peintre occitan dont l’œuvre conçue entre Montauban, Rome et Paris est devenue par je ne sais quel miracle un maillon essentiel entre le classicisme et la modernité.

Nous essaierons tout au long des différents épisodes de cette série de montrer en quoi son œuvre est novatrice et comment elle s’articule avec les plus belles pages de la peinture occidentale et notamment avec celle de la renaissance et l’œuvre immense de Raphaël.

Il est donc nécessaire de planter le décor et de remonter à la génération précédente pour comprendre dans quel contexte l’œuvre de J-D Ingres va se construire et se développer.

Notre histoire commence au beau milieu du XVIII° siècle, vers 1755 au cœur du siècle des Lumières. Depuis 1751, Diderot et D’Alembert sont à l’œuvre et rédigent leur encyclopédie ; un dictionnaire de 28 volumes, dont 11 fascicules d’illustrations consacrés à toutes les formes de la connaissance et des sciences. Tous les écrivains et les savants du siècle participent à la rédaction des articles de l’encyclopédie dont la publication s’étendra jusqu’en 1772.

Cette image de la lumière symbolise le passage, la communication, voire la communion. Elle provient de ces bougies que l’on posait sur le bord des fenêtres pour annoncer une bonne nouvelle ; alors le feu se transmettait de fenêtre en fenêtre illuminant la noirceur de la nuit.

Les philosophes utilisèrent l’image des lumières comme une métaphore de la transmission ; ce scintillement de l’esprit et de la raison qui traverse la nuit de l’ignorance.

Diderot écrit dans Addition aux pensées : « Si je renonce à ma raison, je n’ai plus de guide […]. Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n’ai qu’une petite lumière pour me conduire. »

Le siècle des Lumières va se répandre sur l’Europe entière du XVIIIe siècle (de 1715 à 1789). Il commence par la fin du règne de Louis XIV à sa mort exactement en 1715) pour finir à la Révolution française. 

En cet été 1755, la chaleur estivale couvre la campagne d’un vert pâle, assèche les fleuves et claquemure toute velléité de sortie hors de la fraîche enceinte de la maison. En plein mois de juillet austère et silencieux, aux frontières germaniques, au-delà du Rhin ; mourrait à Leipzig Jean-Sébastien Bach. Il était né 65 ans plus tôt le 21 mars 1685. Il laissait en héritage une œuvre considérable, mais qui au lendemain de sa mort allait s’estomper pour renaître de ses cendres quelques décennies plus tard. Aujourd’hui encore, on se remémore la fabuleuse histoire de Pablo Casals, quant à l’âge de 13 ans vers 1889 ; il trouve fortuitement dans un magasin de partition l’œuvre oubliée des suites pour violoncelle.

Pour l’artiste catalan, ce fut une révélation qui changera durablement le cours de sa carrière et qui affichera son talent aux yeux du monde entier. Il en fera une ascèse et pratiquera les six suites au quotidien, presque bibliquement : une pour chaque jour de la création et cela, jusqu’au soir de sa vie.

En 1755, Louis XV est roi de France et de Navarre, le gouvernement et la cour sont au château de Versailles abandonné depuis la mort de Louis XIV. Les arts ne sont pas aux programmes et la mode est à la science, à la conscience et à la raison. 

Nobles et bourgeoise tiennent salons. Dans ces lieux cossus et distingués, calfeutrés aux confins des palais, on chuchote et l’on glose des nouveautés qui feront demain. On y parle d’émancipation, on réfléchit, on débat sur les sciences ; querelles légères et futiles, tout en reniant les ténèbres de l’obscurantisme qui habillait notre passé.

Les arts, la peinture, la sculpture et l’architecture essentiellement sont au goût rococo, c’est un insensible glissement de l’art baroque dans lequel le sujet féminin prend une place prépondérante. Le corps nu se dévoile dans des déshabillés érotiques et frivoles. Citons ici « L’embarquement pour Cythère » d’Antoine Watteau vers 1718, mais aussi le « Renaud et Armide » de François Boucher vers 1734. Cette peinture de genre sera d’ailleurs bientôt codifiée sous le vocable des Fêtes galantes. J’aurais l’occasion de faire le détail de cette époque entre la fin du règne de Louis XIV et le début de la régence.